Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grège en eau. Le vent mord cruellement les mains désarmées. Tant pis, allons affronter l’ange impitoyable. Ange, aigle, loup, vent des hauteurs, magnifique adversaire…

Ouiche ! il faut bientôt se réfugier dans l’écurie encombrée de fagots, qui sent le poil de vache. On se dérobe, les membres contractés, les larmes aux yeux. De froid ? Ou bien de se sentir indigne ?

Quoi ! n’est-ce pas l’hiver que j’étais venue chercher ? Le voilà, l’hiver, j’en ai la crampe aux mains. Non, l’hiver n’est pas là. Il est là et il n’y est plus. Il fuit à travers cette heure diaphane qui est entre l’hiver et le printemps. Il fuit, et avec lui la bravoure de la chair dure, l’allégresse des muscles bandés, du cœur chaud, du nez mourant de froid, des joues pelées toutes vives par le vent aux mille couteaux…