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TROIS PARMI LES AUTRES

moderne. Si c’est vous qui l’avez conseillée, je vous félicite de votre bon goût.

— Pensez-vous qu’elle ait besoin de conseils ? répliqua Robert souriant toujours. Elle est assez grande pour agir par elle-même…

— C’est justement ce qui étonne Antoinette, appuya la petite. Elle m’a toujours traitée comme si j’avais quatre ans. Depuis le temps qu’elle me tient en lisière, elle ne peut pas se figurer que j’aie mon libre arbitre.

— En lisière ? reprit Antoinette avec un étonnement profond. Ce n’est pas toi qui parles, Annonciade ?

— Et qui veux-tu que ce soit ? Oh ! je sais bien que tu ne te rends pas compte et je ne t’en veux pas…

Antoinette éclata d’un rire forcé, en regardant Robert en face.

— Dites donc, monsieur Robert Gilles, vous n’auriez pas ramassé, par hasard, le libre arbitre d’une jeune fille en rupture de lisière ?

— Va, fais de l’esprit, marmotte Annonciade en haussant les épaules, tandis qu’elle pensait : « Mais ce qu’elle est mauvaise ! Je ne l’ai jamais vue comme ça. »

— En effet, mademoiselle Antoinette, répliquait Robert, je l’ai trouvé et rendu honnêtement à sa propriétaire.

— Voilà un acte de probité exceptionnel. Avez-vous au moins touché la récompense ?

— Antoinette 1 s’écria Annonciade, les yeux étincelants.

— Laissez, mon petit, laissez donc. Vous voyez bien qu’Antoinette plaisante…