Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/101

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sans un certain plaisir qu’elle respira l’atmosphère de la boutique chargée de parfums grossiers.

Madame Verdureau, la maîtresse du lieu, trônait à sa place habituelle, derrière le comptoir. C’était une petite femme, grosse et laide, en forme de boule, et portant empreinte sur sa figure l’expression du plus parfait contentement de soi-même. Les tables de marbre blanc étaient garnies de couverts posés de place en place ; çà et là, quelques-uns des individus fréquentant ce restaurant étaient assis, mangeant ou digérant, les uns à l’aide de la lecture du Siècle du jour, de la veille ou de l’avant-veille, et les autres en attendant que leur tour fût venu de se plonger dans le feuilleton ou dans la chronique.

Madame Verdureau fit à la jeune fille un salut presque amical, et cria d’une voix qui aurait été mieux à sa place dans la bouche d’un chef d’escadron :

— Trois de café… léger !

Titi fut accueillie par les sourires de chacun. — En effet, à la crémerie, presque tous la connaissaient, ayant l’habitude de la voir venir chaque matin. Un vieux monsieur, ap-