Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/11

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partout alentour, la plaine nue, le jour qui tombe.

Tout à coup, – pareil à un foyer dont la flamme, avant de disparaître, remplit l’appartement d’un jet de clarté, – le soleil couchant illumine le paysage. Et, – pareilles à un vieillard qui semble rajeunir, lorsqu’un éclair de mémoire ou d’intelligence traverse son cerveau, – la plaine et la maison retrouvèrent un peu de charme et de vie sous le soleil. La lumière occidentale fit étinceler l’herbe mouillée ; l’eau des fossés qui bordaient la route brilla comme un miroir d’acier ; les vitres des croisées répercutèrent mille rayons. Les fleurs des arbres prirent des teintes d’or, et la flamme rouge de l’astre fît une sorte d’auréole aux branches des pommiers.

Mais cette splendeur ne dura qu’un instant ; le soleil disparut derrière les lignes grisâtres des collines et des nuages entassés à l’horizon. La lumière s’effaça entièrement, l’eau redevint boueuse, l’herbe noire et la tristesse s’étendit de nouveau sur le paysage. – Une lumière parut derrière les vitres de la maison.

Le vent du soir se leva, les feuillées craquèrent au bruit de sa musique lugubre. La