Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/12

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bise fit fléchir les trémois dans les champs obscurcis ; le vent augmenta, il se prit à rugir, à faire crier le chaume, claquer les volets, à disperser des branchages et des feuilles. C’était principalement sur la route unie qu’il sévissait avec toute sa fureur. Nul obstacle devant lui : ni laboureur avec sa charrue, ni roulier avec sa charrette, ni cavaliers, ni piétons, – personne ! La nuit avait fait cette route déserte plus déserte encore.

Et voilà que dans sa course furibonde, le tourbillon le plus fort s’arrêta, par une brusque saccade, au moment où il rencontra la maison isolée. Le choc fut violent : un des volets se détacha et fit un tel fracas en tombant qu’on crut qu’il entraînait la muraille dans sa chute. L’intérieur de la maison devint visible. Deux grands lits avec des rideaux de serge bleue rayée de gris, quelques escabeaux et un banc de bois, un vieux fauteuil couvert d’une tapisserie usée, une armoire, des ustensiles de ménage : tels étaient les objets qui eussent frappé le regard d’un voyageur attardé, à moins que ce regard n’eut préféré suivre les contextures inextricables des toiles d’araignées s’enchevêtrant aux solives du plafond. Dans la