Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/17

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écoutant toujours, mais n’entendant plus rien, si ce n’est l’orage dont la fureur semblait sans cesse s’accroître, dans cette nuit de colère et de désolation.

Enfin le vent cessa de souffler. Le soleil revint plus pâle qu’il n’était parti. Tout s’éveilla : les fleurs, les oiseaux et les insectes. La fumée des foyers lointains se mêla aux vapeurs matinales. La campagne reprit un peu d’animation et la route se couvrit de gens qui se rendaient à leurs travaux.

L’homme, alors, s’approcha du lit d’un pas lourd. Il contempla un instant la morte, lui ferma les yeux et arrangea le drap autour d’elle. – Puis il prit son chapeau, son bâton, et sortit en fermant soigneusement la porte.

Hier encore, c’était un homme robuste, à la démarche égale, à la main ferme, à la voix rude et forte. Ce matin, c’est un vieillard, cassé, chancelant, dont le geste hésite et qui ne saurait que répondre si un étranger lui demandait son chemin : à le contempler, cet étranger se sentirait pris d’une pitié profonde. Pourquoi donc les gens que rencontre le vieillard, et qui sont tous du pays, semblent-ils, au contraire, éprouver pour lui du mépris ou de la haine ?