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Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/25

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À travers les vitres de l’étage supérieur, on aperçoit des rideaux de neige. Quelques pots de fleurs garnissent le rebord des croisées. La cour est pavée et propre. Le long des murs, il y a des plates-bandes où poussent des vignes vierges et des fraisiers. Dans un coin, un grand lilas abrite une pompe, et une nuée de moineaux francs piaille sur les barres de fer empilées. – Qu’un rayon de soleil joue sur tout cela, et tout cela vous paraîtra charmant : la maisonnette blanche aura l’air de rire et de chanter à la face de la grande vilaine maison noire qui se dresse, entre elle et la rue, comme un fantôme.

Mais, en ce moment, le soleil est couché, et c’est par un sombre crépuscule que la forge s’épanouit dans toute sa gloire. Les soufflets vigoureux mugissent en envoyant leur han ! han ! au feu qui mugit à son tour et fait voltiger de brillantes étincelles. L’écho sonore du marteau retentit sur l’enclume, et le fer embrasé sème au hasard ses rubis étincelants.

Deux compagnons sont debout auprès de l’enclume. Le premier, celui qui tient le fer, est un tout jeune homme, mince, vêtu d’un pantalon de toile grise et d’une chemise à mille