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Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/26

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raies bleues. L’intelligence rayonne sur sa figure ; de légères moustaches noires, crânement relevées, laissent voir une bouche garnie de dents très blanches ; – ses yeux brillent comme deux gouttes de café et ses cheveux courts, relevés sur le front, en font ressortir l’ampleur.

Le second est un colosse, aux cheveux d’un blond fade, aux énormes favoris roux, au teint coloré. Son costume de travail n’est pas d’une simplicité aussi sévère que celui de son camarade. Il porte un pantalon de velours vert-bouteille, un gilet à bandes rouges et bleues, une chemise à pois jaunes et bruns. De solides boucles d’or, en forme d’ancres, pendent à ses oreilles et l’on voit reluire, à sa main droite, une bague chevalière en argent massif qu’un enfant aurait peine à soulever. Et cependant, tel sera toujours le triomphe de la nature sur l’art, il est moins beau que l’autre qui est moins bien mis que lui !

Deux autres ouvriers travaillent devant la cloison vitrée qui donne sur la cour. Dans un coin, une masse noire s’agite en sifflant.

– Pierre ! dit tout à coup le colosse à son camarade, en tenant suspendu en l’air son