Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/34

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De fait, elle était bien jolie et il y avait de quoi en être fier !

Quant à Michel Baldi, c’était un homme d’une cinquantaine d’années, de grande taille, très maigre, le dos voûté, le front chauve. Il était vêtu d’une longue lévite qui lui descendait jusqu’aux talons, d’un large gilet brun, et d’un chapeau de paille. Sa figure, couleur tabac d’Espagne, ridée, flétrie par un travail forcé, était néanmoins bienveillante et douce.

– Qu’est-ce que tu veux ? dit-il, à sa fille.

– Je vais te le dire à l’oreille.

Il se pencha vers elle, en souriant aux ouvriers. Au bout d’un instant, il se redressa et regarda sa fille avec inquiétude :

– L’as-tu dit à ta mère ? demanda-t-il.

– Non.

– Il faut le lui dire.

– Mais, si elle refusait… Pense donc !

– C’est juste… comment faire ?

– Écoute !…

Il se pencha de nouveau. De nouveau, elle se mit à lui parler avec vivacité :

– Ainsi, c’est convenu, mon père.