Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/38

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les paupières baissées, avec un sourire tout de miel qui prêtait à ses lèvres la forme d’un croissant et faisait, des fossettes, de véritables cavernes ; sa démarche lente, ses gestes retenus et contraints, la simplicité puritaine de ses vêtements, lui donnaient alors l’air d’une de ces femmes qui fréquentent assidûment les églises. Voilà pour le public. – Mais, lorsqu’elle était seule, une métamorphose complète s’opérait en elle : les fossettes se refermaient, la bouche redevenait droite, le geste sûr ; la voix, tout à l’heure traînante et nasillarde, avait des sons de cuivre. Le front s’éclairait. La paupière relevée et tendue laissait voir une prunelle claire d’où partaient mille feux. Michel Baldi, son mari, seul peut-être au monde, l’avait vue ainsi, mais il n’y entendait pas malice, le bonhomme. Pour Antoinette, c’était une enfant, à laquelle la science des physionomies importait moins qu’une fleur ou qu’un oiseau. Elle eût pu du reste, aller de la surface au fond, du visage au cœur, sans que sa mère cessât jamais d’être pour elle un sujet d’admiration respectueuse qui n’aurait eu d’égale que sa reconnaissance. Ce cœur, en effet, ne battait que