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Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/37

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devant chaque chaise. La nappe enlevée, un grand tapis de laine tricoté par madame Baldi, recouvrait la table.

Seule, en ce moment, la femme du forgeron travaillait, à la lueur d’une lampe posée sur une table à ouvrage. Elle n’était pas de ces femmes qui attirent, à première vue, l’attention. Son front assez ample était à demi caché par des cheveux châtain-clair rangés en bandeaux plats et surmontés d’un bonnet de linge. Le nez un peu long s’élargissait vers le bout. Les lèvres étaient minces. La mâchoire, découpée à angles droits, dissimulait la saillie un peu trop prononcée des pommettes. Au bas des joues, il y avait deux trous qui pouvaient passer pour des fossettes aux yeux des amis de madame Baldi. Cette tête insignifiante, ni laide, ni jolie, – plutôt laide, – avait, à la considérer un peu longtemps, une physionomie attachante et singulière. On y voyait se succéder sans cesse l’expression de deux sentiments opposés : l’humilité et l’orgueil. Ces deux expressions alternaient sans nuances. C’était l’une, ou c’était l’autre. Entre elles, rien. Tantôt, le plus souvent même, la femme du forgeron apparaissait,