Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/40

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femme, afin d’être considérée par les voisins, - ce que sa mère n’était pas. Elle s’était juré encore de ne jamais épouser un ivrogne -, ce que son père était. – Ne cherchez, dans ces résolutions, ni principes religieux, ni instincts moraux ; c’était du plus pur égoïsme. L’égoïsme pousse les natures faibles à suivre l’exemple qui leur est donné, même lorsqu’il est mauvais et les natures fortes, à choisir par elles-mêmes et à ne se décider qu’après réflexion. En voyant quelques femmes du voisinage aisées, – parce qu’elles étaient économes et que leurs maris étaient des artisans laborieux, – Rosalie se dit qu’elle serait économe et qu’elle épouserait un bon ouvrier. Après s’être résolue à éviter le mal, elle résolvait de faire le bien. Ces femmes allaient a la messe et le curé les saluait. Rosalie voulut être saluée par le curé ; ce fut sa première ambition. Elle alla, d’elle-même, au catéchisme et à l’école des sœurs. D’elle-même aussi, elle étudia le soir : on la remarqua, elle en fut fière ; mais sentant que tout orgueil serait déplacé dans sa position, elle se fit humble.

Comme elle avait quinze ans, Michel Baldi,