Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/41

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qui faisait son tour de France en bon compagnon, fit la connaissance du père de Rosalie. Il vit la jeune fille, fut pris de sympathie pour elle, puis d’amour ; bref, il lui demanda sa main. – J’ai mille écus, lui dit-il, et je puis m’établir dans le pays. Nous ferons nos affaires !

Une nouvelle ambition germa dans le cœur de Rosalie : Son père était ouvrier, son mari serait patron. C’était déjà beaucoup ! Mais à quoi servirait de vivre en honnête femme auprès d’un honnête homme, si cela devait être dans une ville où la présence de ses parents pèserait sur elle comme un affront perpétuel ? Quoi ! le dimanche, quand, au bras de son mari, elle se promènerait en toilette sur le quai, elle pourrait rencontrer un homme ivre qui serait son père et dont les passants diraient : C’est le mari d’une telle, le pauvre homme ! C’était impossible.

– Il faut faire fortune, dit Rosalie à son mari, et il n’y a que Paris pour cela ! – Allons donc à Paris, dit Michel.

Quand, à Paris, il fut entré comme compagnon dans la forge de la rue Lamartine : – Cette forge sera un jour à toi ! dit la