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Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/45

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songer. – Mais elle avait une fille, une fille belle, bien élevée, instruite, qui pouvait prétendre à tout et tenir partout sa place. Dans dix ans, quand cette fille en aurait vingt, on vendrait la forge. – Le père et la mère de madame Baldi étaient morts ; plus d’obstacles de ce côté. Quoi donc empêcherait Antoinette d’épouser quelque notaire, quelque médecin, d’aller dans ce monde interdit à sa mère ; mais où sa mère la suivrait par la pensée ? Cette fille du peuple, dont toute la vie n’avait été que la mise en action d’un rêve : monter ! revivrait dans sa fille. Sa fille ferait ce qu’elle aurait voulu faire, serait ce qu’elle aurait voulu être. Elle éprouvait pour cette enfant non la passion maternelle, toute de renoncements et de sacrifices, mais une passion plus violente et plus égoïste : c’était elle-même qu’elle aimait en sa fille ; c’était elle-même, belle, jeune, instruite, et assez riche pour faire un beau mariage. Pour atteindre ce but, elle aurait balayé toute la boue de la rue ; elle aurait tordu son mari comme un bâton de cire ; elle aurait commis des crimes !

Transportez dans un autre monde que celui de l’atelier, cette nature de femme avec sa volonté