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Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/67

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un présage douloureux. Elles eurent un moment l’idée de s’enfuir. Chacune isolée, l’aurait fait. Elles étaient deux, elles se serrèrent la main et montèrent l’escalier.

– Entrons-nous ? dit la mère lorsqu’elles furent près de la porte.

La fille eut du courage pour deux.

– Puisque c’est décidé ! dit-elle.

La porte s’ouvrit.

Il en sortit une grosse servante, vêtue en picarde, qu’accompagnait un jeune homme, nu-tête, assez semblable par la mise et la tournure à un sous-officier de cavalerie, en habit de ville.

– Entrez, mesdames ! dit ce jeune homme aux deux femmes : je suis à vous dans un instant. Madame Houlot et sa fille pénétrèrent dans une pièce qu’on aurait pu prendre pour une étude d’huissier. Autour des murs, de méchants canapés de paille, une cloison à hauteur d’appui, toute salie, portant l’empreinte des cheveux gras des cuisinières qui s’y étaient appuyées. Derrière cette cloison, qui partageait inégalement la pièce, un bureau en sapin noirci, tout chargé de registres en mauvais état.