Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/95

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ne vous doit plus rien et qu’elle peut porter sans remords la robe et le chapeau que vous lui avez vendus.

– Ah ! Voilà qui est très bien, mon ami ! J’avais le cœur serré.

Madame Antoine les regarda avec admiration :

– Hélas, dit-elle, demain elle sera chez monsieur. Vous ne connaissez pas le cœur humain.

– Ainsi, vous croyez…

– Je ne crois pas, j’en suis sûre, malheureusement…

Ce mot échappé à la marchande à la toilette étonna les jeunes gens.

– S’il en était ainsi, reprit l’ami du vicomte, j’en serais navré. Je suis fâché maintenant d’être venu. Je ne suis pas encore assez insensible pour assister froidement à ces sortes de scènes : Est-il donc indispensable que l’écrivain et le magistrat, s’il veulent voir vrai dans le cœur humain, doivent se cuirasser d’indifférence et n’apporter à cet examen qu’une banale curiosité. Je ne le pense pas et, dans l’espace d’un quart d’heure, je viens d’être pris tour à tour d’admiration, de colère,