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Page:Ratton - Les œuvres post-scolaires, éducation populaire et sociale, 1905.pdf/178

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échoit, et vous ne manquerez pas de donner à votre débit de la couleur, par la variété du ton ; de la vivacité, de l’entrain, de l’intérêt, par la variété de la diction. Votre maintien sera simple et vos gestes sobres. D’ailleurs, la table vous garantira de tout excès de mimique et rappellera constamment à vos auditeurs qu’ils ne sont point véritablement au théâtre.

Et maintenant, une grosse question se pose ! Vos auditeurs, qui seront-ils ? Et seront-ils nombreux ?

L’œuvre des Lectures populaires, comme l’indique si bien son titre, doit recruter, de préférence, des auditoires essentiellement populaires, c’est-à-dire composés en majeure partie de l’élément laborieux de la population. Certes, les salles seront ouvertes librement, mais à côté de l’artisan, du petit bourgeois, de l’employé, qui ne devraient, à la rigueur, y figurer qu’en nombre restreint, souhaitons vivement d’y compter en foule nos vaillants, courageux et honnêtes ouvriers, pères et mères de famille avec leurs enfants, et auxquels nous offrirons l’occasion d’oublier, en une heure d’agrément intellectuel, les soucis lancinants de l’existence journalière.

Efforçons-nous, dans l’élaboration de nos programmes, de mêler adroitement le sérieux à la gaîté, le sublime à la fantaisie. Si nous tentons d’élever les âmes en vulgarisant nos chefs-d’œuvre littéraires, qui montrent le choc des passions humaines dans leur expression la plus intense, sachons aussi provoquer au sein de nos auditoires bénévoles la franche gaîté, le rire sain, qui détend