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Page:Ratton - Les œuvres post-scolaires, éducation populaire et sociale, 1905.pdf/189

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tera sûrement comme l’une des manifestations, sinon originale, mais tout au moins la plus inattendue de la démocratie.

Dans quel sens cette rénovation du bon goût populaire doit-elle être entreprise ? Est-il possible ou préférable de diriger le sentiment artistique du peuple vers tel domaine de l’art, et s’en tenir ainsi, pour la peinture ou la musique par exemple, aux moyens connus d’assimilation, moyens susceptibles d’aider à la compréhension des chefs-d’œuvre, et, partant, susceptibles aussi de provoquer, dans l’intime communion de la joie éprouvée, la passion de l’art lui-même ?

N’est-il pas désirable, au contraire, de prendre pour base rationnelle de ce développement intellectuel, d’ordre tout particulier, la Nature elle-même, qui, dans l’infinie variété de ses ressources, nous offre chaque jour, et avec quelle prodigalité merveilleuse de lumière et de couleur, mille et mille sujets d’admiration et de réflexion qui émeuvent l’âme et font naître précisément ce sentiment de la Beauté ?

Là réside, croyons-nous, tout le secret du rayonnement du goût artistique populaire. On a pu écrire, maladroitement, qu’il y avait peine perdue à vouloir tenter de mettre l’art à la portée du peuple. Laissons d’aussi mesquines appréciations, qui sentent leur égoïsme, se démentir d’elles-mêmes, et mettons, au contraire, au service de notre action morale cette conviction raisonnée que le sentiment du Beau doit être cultivé par tous, car ce sentiment existe en nous à l’état latent, et qu’il suffit d’une