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Page:Ratton - Les œuvres post-scolaires, éducation populaire et sociale, 1905.pdf/29

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qui lui coûtait un million. Ignore-t-on, d’autre part, que le rhéteur Adrien arrivait à la conférence monté sur un char, et qu’il conduisait avec des rênes d’argent ornées de bijoux ? À ces avantages matériels, les conférenciers de l’antiquité en ajoutaient d’autres, et nous savons que le rhéteur Ausone, de Bordeaux, devint consul.

Mais, au demeurant, c’étaient là des triomphes faciles et sans portée sérieuse aucune, car le fond manquait totalement à ces discours. Ces grands orateurs furent avant tout des déclamateurs ; leur œuvre est restée nulle en face de celle des philosophes qui cherchaient, avant tout, à faire pénétrer au sein du peuple des idées de morale et de dignité.

Nous avons tenu à citer ces détails sur l’origine fort ancienne de la conférence pour donner plus de cohésion à l’ensemble de notre étude. Reportons-nous, maintenant, à une période beaucoup plus rapprochée de la nôtre.

C’est vers 1862 que se manifestèrent en France les premières tentatives de l’art de la conférence. En même temps on apprenait qu’en Belgique, et en Angleterre surtout, des écrivains de haute notoriété n’hésitaient pas à faire des conférences publiques, auxquelles on donnait le nom de Lectures. Le personnage qui en était chargé s’appelait un lecturer.

Francisque Sarcey raconte dans un curieux chapitre de ses Souvenirs comment il reçut, un jour de 1863, la visite de Félix Hément, alors un peu professeur et quelque peu journaliste, venant lui proposer d’ouvrir une série de conférences populaires dans une grande