Page:Ray - Histoires de vampires (extrait Le Gardien du cimetière), 2010.djvu/12

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Hier, j’ai eu une première impression de peur. Pourtant, je dois avouer qu’il n’y avait matière qu’à un sursaut désagréable.

Entre chien et loup, comme je sortais d’une petite allée transversale, un cri affreux a déchiré le silence. Il me semble avoir vu sortir Velitcho de la maison de garde et s’enfoncer en courant dans les taillis.

Lorsque je suis arrivé au poste, j’ai vu Ossip surveiller attentivement les fourrés assombris ; comme je lui ai demandé ce qu’était cet appel, il m’a répondu qu’il s’agissait d’un courlis. Le lendemain, Velitcho m’en rapporta un qu’il avait tué.

Drôle de petite bête à l’immense bec, long comme une dague, et quelle vilaine clameur pour un oiseau, pourtant gracieux.

J’ai ri en palpant son duvet cendré, mais mon rire a sonné faux et mon impression d’angoisse ne s’est pas dissipée complètement, comme je l’aurais voulu.


Décidément, ma santé n’est pas aussi brillante qu’elle devrait l’être. Pourtant, je mange comme un loup et Ossip se surpasse. Mais, le matin, une bizarre torpeur me tient encore au lit, alors que le soleil joue sur le carreau, que j’entends le coup de fouet de la carabine de Velitcho et le tintamarre des casseroles d’Ossip.

Une sourde douleur me tenaille la peau derrière l’oreille gauche. En regardant de près dans le miroir, je découvre une légère rougeur autour d’une minuscule boursouflure de chair vive. C’est une petite plaie de rien du tout, mais elle me fait bien mal…

Aujourd’hui, comme je battais les taillis, à l’affût de quelque ramier ou d’une bécasse, quelque chose a bougé dans les branches proches : j’ai vu un splendide coq faisan poussant sa tête fine entre deux brindilles. L’occasion était trop belle, je tirai. La bête blessée s’enfuit devant moi, une aile pendante.

Bravement, je m’élançai, et une poursuite assez longue commença. Soudain je m’arrêtai, abandonnant ma proie. Je venais