Page:Ray - Histoires de vampires (extrait Le Gardien du cimetière), 2010.djvu/13

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d’entendre une voix. Elle était rauque et plaintive. Des mots, lamentables et presque suppliants, sonnaient dans une langue inconnue.

Je regardai autour de moi. Derrière une lourde haie de cyprès et de sapins se profilait une masse sombre : le tombeau de la duchesse.

J’étais en terrain défendu.

Me rappelant l’avertissement de Velitcho, je battis en retraite, juste à temps pour voir ce dernier sortir du bosquet de conifères, nu-tête et pâle comme un mort.

Le soir, comme je l’observais, je vis une longue strie livide ! sur la chair de sa joue droite ; il me sembla qu’il faisait des efforts pour la cacher à mes regards.

Il n’est pas loin de minuit ; mes deux compagnons jouent aux dés ; tout à coup, mon cœur s’arrête, glacé de frayeur, près de la maison, tout près, le courlis a crié.

Oh ! l’affreuse clameur !

On dirait que tout le cimetière de Saint-Guitton crie son horreur.

Velitcho est resté immobile comme une statue, le cornet de cuir des dés aux doigts ; Ossip, avec un cri sourd, s’est rué vers le réchaud où le « chur » chauffait. Il m’a vraiment poussé la tasse dans les doigts, et j’ai vu que sa main tremblait…


Oh ! comme j’ai mal ! La boursouflure rose derrière mon oreille, s’est agrandie. Au centre, la petite plaie, plus profonde, saigne.

Oh ! j’ai mal !… J’ai mal !… J’ai mal !…


Hier, je me suis promené le long de la muraille de clôture, côté est. C’est un endroit sinistre ou je ne m’étais jamais aventuré.