Page:Ray - Histoires de vampires (extrait Le Gardien du cimetière), 2010.djvu/17

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canon derrière l’oreille des gardiens, et là, à la même place où ma petite plaie me fait tant souffrir, j’ai tiré…

Ils n’ont pas bougé.

Seul, Ossip a eu un grand frisson.

Et seul, en face des cadavres, j’attends le mystère de minuit.

Sur la table, j’ai disposé les trois tasses, comme tous les soirs.

J’ai mis les casquettes des gardiens sur la plaie rouge de leurs têtes ; de la fenêtre, on dirait qu’ils dorment.

L’attente commence. Oh ! comme les aiguilles de l’horloge glissent lentement vers minuit, l’ancienne heure terrible du « chur » !

Le sang des morts tombe goutte à goutte sur le carrelage, à petit bruit doux, comme celui des feuilles s’égouttant après une ondée de printemps.

Et le courlis a crié…

Je me suis couché sur mon lit de camp et j’ai feint de dormir.

Le courlis a crié plus près.

Quelque chose a frôlé les vitres.

Silence…

Quelqu’un ou quelque chose est entré dans la chambre. Quelle atroce odeur cadavéreuse !

Des pas glissent vers ma couche…

Et tout à coup un poids formidable m’écrase.

Des dents aiguës mordent ma plaie douloureuse et d’atroces lèvres glacées sucent goulûment mon sang.

Avec un hurlement, je me redresse.

Et un hurlement plus hideux que le mien y répond.

Ah ! l’épouvantable vision, et comme il m’a fallu toute ma force pour ne pas défaillir !

À deux pas de ma figure, le visage de cauchemar apparu jadis à la fenêtre me fixe avec des yeux de flamme et, de la bouche, affreusement rouge, un filet de sang suinte, MON SANG.