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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/19

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L’ÎLE DES FEMMES

i

LA CENTAURESSE


Le grand orbe rouge et or d’un crépuscule du mois de juillet 1788 trempait l’eau plane du vieux port de toutes ses colorations aériennes.

Marseille, en cet endroit, sentait fort la poissonnerie et la marine.

Richement gréée, bien carénée, appareillée au complet, La Centauresse, belle et forte goélette, ainsi nommée à cause de sa figure de proue, sous la pression des voiles incurvées par la brise de terre, tressaillait dans toute sa membrure.

La manœuvre s’y activait. Gabiers lancés dans le gréement ; hommes d’équipage, pieds nus, courant sur le pont.

Appareillage sensationnel. On le voyait.

Sur les quais, une affluence extraordinaire. Des badauds béaient, hissés non sans incommodité sur des barriques, des tas de caisses, des amas de cordages.

Par bâbord de La Centauresse, accoudé à la lisse,