Aller au contenu

Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
25
l’île des femmes

nides que de terres promises, peut-être encore dans l’harmonie sacrée d’un âge d’or inaltéré. Je me demande même si, pour notre édification future, le Créateur n’aurait point laissé subsister, en quelque endroit de la planète, un coin de la création, telle qu’elle était avant la grande déchéance de la nature et de l’humanité !

Maitre Pintarède, avec un sourire de supériorité :

— Ceci est un conte, père Loumaigne, dit-il.

Et, avec une certaine suffisance :

— Nous approchons simplement de l’Île de France. Cette grande tache verte et rouge, qui borde la côte à l’ouest, n’est autre chose qu’une forêt de lataniers : latania rubra, et latania borbonica. Donc…

Le Buric haussa les épaules en riant :

— Alors nous aurions doublé le cap de Bonne-Espérance, franchi la terrible passe du Mozambique, par l’opération du Saint-Esprit ! Maître Pintarède, comme tous les savants, vous n’êtes qu’un âne !

Le P. Loumaigne reprit, cependant que maître Onésime secouait le paquet qu’il venait de recevoir :

— Quoi qu’il en soit de tout ceci, nous pouvons être assurés d’illustrer notre voyage par un fait bien remarquable. Un pays pareil à celui que nous observons n’a jamais été décrit. Je connais à peu près toute la littérature des voyages. Rien de semblable n’a été vu. L’Otahili de Bougainville sera éclipsée