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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/34

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l’île des femmes

Un peu agacé d’avoir été interrompu, le Jésuite continua sur un ton plus marqué :

— Toutefois, ne soyons point présomptueux. Attendons d’y voir plus clair. Sous réserve de cette attente, je crois opportun de signaler que ni Christophe Colomb, ni Americ Vespuce, ni Vasco de Gama, ni Cook, ni Bougainville, ni tant d’autres navigateurs célèbres n’ont entièrement découvert la planète.

— Vous croyez, mon père ? fit Saint-Clinal.

— Comment ne pas croire, Monsieur le chevalier ? Voyez !

Et le père Loumaigne, étendant le bras, montra de la main l’apparition de plus en plus visible.

Après avoir profité de la tabatière de Le Buric pour humer une prise, le révérend père reprit :

— Je sais bien que la plupart des légendes océaniques sont d’origine païenne. Il faut distinguer néanmoins ce qui provient de l’erreur des hommes de ce qui est en eux sûre prescience ou souvenir altéré. Il est certain — j’en prends à témoin tout ce qui est advenu depuis 1492 — qu’une partie du monde légendaire a réellement existé. Ainsi, un continent ignoré se trouvait aux confins de cette mer océane où l’imagination seule avait voyagé jusqu’aux caravelles de Christophe Colomb. Or, tout ce que nous connaissons des terres, des îles, des archipels, ajoutés au monde connu, ne donne point la caractéristique des océanides préexistantes, si j’ose dire, dans le monde fabuleux. Parmi ces océa-