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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/37

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iii

L’OISEAU MÉCANIQUE
ET LE CÉTACÉ DE FER


Les vents alizés portaient bien dans les voiles. Vive et légère, La Centauresse voguait vers la terre inconnue avec une témérité, il est vrai, pavoisée aux couleurs de France, ce qui était une sécurité et une égide. L’homme de vigie ne cessait de signaler des détails nouveaux dans son porte-voix. Tout le monde était sur le pont, même l’écrivain, le maître-coq, le médicastre et les charpentiers. Avec ou sans lunettes, chacun braquait ses regards dans la même direction. Maître Pintarède venait d’installer obliquement par bâbord la longue-vue du chevalier. Il fallait que le père Loumaigne, de temps en temps, donnât un coup d’épaule à son confrère laïque pour qu’il lui fit place devant l’objectif, ce qui faisait murmurer grièvement l’habit gris souris contre la soutane.

On en était là, dans l’extraordinaire, lorsqu’une surprise brusque agita les observateurs comme un fort coup de vent rebrousse les feuillages. Il n’y eut bientôt plus sur le navire que bouches arquées,