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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/38

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l’île des femmes

regards levés vers le ciel. Dyonis, qui se trouvait à califourchon sur le bout-dehors, revint en courant vers la dunette.

Le porte-voix signalait trois oiseaux gigantesques qui venaient de se lever de terre. Ils paraissaient voler vers La Centauresse.

Un ronflement pareil à celui qu’aurait pu produire quelque bourdon gros comme un bœuf, roulait dans le ciel. Accroché au bastingage, les yeux en salière, le capitaine Le Buric, répétait, hors de lui :

— N… de D !… qu’est-ce que cela ?

Le bourdonnement, d’abord harmonisé, se dédoublait, maintenant, par saccades alternatives, extraordinairement rapides et puissantes.

Les trois oiseaux, visibles à l’œil nu, avançaient en triangle par une progression continue, sans remuer leurs ailes immenses, ce qui pétrifiait d’étonnement les gens de La Centauresse. Le P. Loumaigne ne faisait qu’un avec sa lorgnette et les soubresauts de sa panse rebondie marquaient l’agitation de son esprit.

Maître Pintarède débusqua enfin de derrière le télescope :

— Il y a un homme dans chacun de ces rapaces vertigineux.

— Ce sont des navires de l’air, alors, s’exclama le lieutenant Tamarix en proie à une effervescence irrésistible.

— L’antiquité, fit le P. Loumaigne, par ses légendes des chevaux volants…