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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/56

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l’île des femmes

tradictoire du R. P. Loumaigne, tantôt saisi par la beauté sculpturale des Anadyomènes, tantôt effrayé par leur audacieuse féminité.

« À vrai dire, pensait le Jésuite humaniste, ces deux Vénus aux aguets dans la plaine marine se rapprochent peu des modèles connus. Rien du type de l’Anadyomène nue créée par Praxitèle, non plus que de celui de l’Aphrodite Ourania de Phidias, en marbre de Paros, que l’on voyait au temple de Colonos Agoraios. Le statuaire de cet étrange pays semble avoir saisi dans l’être de la femme des valeurs humaines inconnues de nous. Ce n’est pas l’Aphrodite Pandemos, déesse des plaisirs communs et des vices de l’amour ; ce n’est pas l’Aphrodite Ourania, amante et mère de la race. » Tout à fait dérobé en son imagination antique, le P. Loumaigne tenta d’échapper à ses perplexités en se disant que les deux statues de la passe suggéraient l’idée d’une amazone victorieuse de l’homme, de l’homme dompteur de femmes, de cavales et de chevaux, victorieuse par la ruse et la force dominatrice.

Plus simplement, le beau lieutenant Tamarix concluait en même temps :

— Si les femmes en chair de ce pays sont aussi belles que celles de marbre, ce que l’on va se divertir !…

Ah ! comme le P. Loumaigne l’eût réprouvée la promesse païenne que Tamarix venait de faire à ses concupiscences !