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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/57

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l’île des femmes

Cet instant d’attente et de réflexion fut abrégé de nouveau par la vigie.

— Parez à l’avant ! l’entendit-on crier.

Les Marseillais coururent vers la proue. Un cétacé de fer, à demi immergé, semblait barrer la route à La Centauresse. La tête hermétique s’ouvrit. Une voix métallique, enflée par un pavillon de cuivre, dit d’une façon retentissante, en une sorte de latin vulgaire :

— Marins des terres interdites, virez de bord. Si vous ne franchissez pas la passe entre les deux Vénus de la mer, nous vous coulons.

Les trois condors manufacturés tournoyaient de nouveau au-dessus de la goëlette.

— Nous sommes pris ! fit Le Buric dont la colère redoutable était jugulée par son impuissance même. Le bateau de bois ne pouvait certainement lutter contre ces mystérieux engins de fer.

Le conciliabule fut court. Mieux valait obéir. C’était évident.

Tamarix ayant embouché le porte-voix, répondit :

La Centauresse, goélette française, capitaine Le Buric, sous pavillon du Roi, sera heureuse de faire escale dans votre port, en bon, franc et loyal arraisonnement.

Point de réponse. On navigua alors en silence, selon l’ordre reçu.

Ayant enfin passé entre les deux colossales Vénus anadyomènes, La Centauresse flotta dans un avant-