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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/69

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l’île des femmes

ne saurions accepter des ordres contraires aux usages de la marine. Nous sommes sous pavillon du Roi de France et le Roi de France sait venger les affronts faits à son pavillon.

— Les ordres sont donnés, reprit le porte-voix. Si vous ne jetez point l’ancre à hauteur de nos embarcations, nous vous pulvérisons. Ce ne sera pas long. Dixi !

Le myrmidon filait déjà, laissant derrière lui un sillage droit comme une raie tracée par un bon laboureur.

Tout en grommelant, le capitaine Le Buric commanda une manœuvre. Puis, s’adressant au père Loumaigne qui lisait son bréviaire pour calmer l’agitation de son esprit :

— Je ferai sauter le diable, moi, je vous le promets !

— Ah bah !

— Ah bah ! oui, mon père, le diable.

— Et comment ?

— Dans une poêle, la poêle à la mère Nicolas.

— Capitaine Le Buric, je ne comprends pas.

Le vieux marin gloussa de rire. Apercevant le maître artilleur :

— Géromet, ordonna-t-il, faut mettre la mèche à un baril de poudre. Sans observation, allez.

Le marin courut exécuter l’ordre.

— Quoi, malheureux ! s’écria le P. Loumaigne, vous voulez faire sauter La Centauresse !