possède soi-même, en tenant compte des principes généraux donnés par la théorie, et le tâtonnement, ainsi éclairé par la science et la pratique, conduit au résultat cherché. Observation de tous les instants et de toutes choses touchant à son métier, telle doit être la qualité maîtresse du cultivateur exploitant. Cette qualité se retrouve partout, elle est nécessaire en tout : observation des forces naturelles, et de leurs réactions les unes sur les autres ; observation de la récolte en cours décroissance, pour lui donner le coup de fouet nécessaire par l’application en temps utile d’une ou plusieurs rations de nitrate de soude ou de sulfate d’ammoniaque, pour lui donner si possible du corps et de la tenue par l’emploi du superphosphate enterré par les hersages de printemps, l’arrêter par un écimage, la nettoyer à temps des mauvaises herbes échappées aux travaux préparatoires du sol ; observation du bétail, pour le suivre dans son développement, son engraissement ou son aptitude laitière, prévenir les maladies ou les faire soigner à temps ; observation du personnel enfin, pour éviter les doubles emplois, les pertes de temps ou les rendements dérisoires en travail, qui ont tôt fait de conduire à la ruine, car, si le prix de revient double aisément par suite des fuites de toutes sortes qui tendent sans cesse à se produire dès que la vigilance du maître est en défaut, le prix de vente, lui, est souvent soumis à des fluctuations beaucoup moindres. L’exigence d’un travail sérieux n’exclut d’ailleurs pas l’attention que le cultivateur doit porter à la santé des gens qu’il emploie et nous nous étendrons plus tard sur ce sujet.
Esprit de prévoyance et de décision
— À l’esprit d’observation, l’agriculteur doit joindre celui de prévoyance ; il faut qu’il sache quels sont les approvisionnements de semences, d’engrais, d’éléments du bétail dont il aura besoin au cours de l’année et à quelles époques il en aura besoin ; pour quels moments il lui faut recruter ses bineurs de betteraves et en quel nombre ; il faut qu’il ait présent dans sa pensée tout l’ensemble des travaux successifs nécessités par la préparation, l’entretien et la mise en grange des récoltes, et que, chaque soir, il soit exactement renseigné sur la tâche qu’il confiera à chacun le lendemain, selon que le beau temps
