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Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/25

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des vues d’ensemble ; mais, comme il est de ces détails qui ne sauraient être négligés, il peut lui être nécessaire d avoir un second qui s’en occupe à sa place, il lui est surtout à peu près indispensable de trouver en sa femme un appui de tous les instants. À celle-ci reviendra le soin de s'occuper de la laiterie et de la basse-cour, le soin surtout du ménage. Or un ménage de ferme est toujours chose lourde et minutieuse ; l’existence même du chef d’exploitation le conduit à recevoir souvent des amis ou parents, afin de conserver avec le monde intellectuel un contact suffisant. Tous ces hôtes restent parfois à coucher, il faut prévoir les approvisionnements pour les repas, ordonnancer ceux-ci pour les rendre attrayants, que sais-je encore ? Là, une main féminine doit se faire sentir, sans quoi l’on ne tarde pas à tomber dans le désordre et la prodigalité. La tâche se complique lorsque, à côté de la table de famille, il faut dresser celle des domestiques à demeure, veiller à la literie de ce personnel fixe, et lui assurer un bien-être auquel il tient chaque jour davantage et dont il a besoin pour s’attacher à l’exploitation. Bien compris, ce rôle délicat de la femme dans la ferme peut être une condition essentielle du succès. Respectée de tous, la femme doit se faire en même temps aimer ; au mari la direction et le commandement, à elle le soin de réparer les malentendus et de panser les plaies physiques et morales.

Je crois avoir ainsi donné une idée et de l’éducation spéciale nécessaire au chef d’exploitation et des qualités dont il doit faire montre. Si ses goûts l’attirent vers les sciences qui sont à la base de l’agriculture raisonnée, s’il se sent capable d’acquérir l’expérience de la pratique et de donner à son caractère et à son esprit la tournure que j’ai indiquée, il peut se lancer dans la vie rurale, sinon je lui conseille sans hésiter de porter ailleurs l’effort de son intelligence et de sa volonté.

Nécessité des stages agricoles.

— Un dernier conseil toutefois. J’ai dit combien l’expérience des choses agricoles était longue et délicate à acquérir : il faut être très fort pour se défendre des roueries de certains maquignons et marchands de bestiaux, mettre à prix un animal et reconnaître rapidement si telle bête profitera à l’auge d’engraissement ou, au