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Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/69

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pour réussir, devrait être conclu entre les fermiers eux-mêmes et les garanties réciproques devraient être demandées au crédit agricole : on se rapprocherait alors beaucoup d’une cession telle que nous l’avons précédemment étudiée. Mais ce n’est pas le 1er juin que je choisirais pour faire le changement d’exploitations ; pour les motifs que j’ai déjà mis en lumière, je préférerais le 1er ou le 15 avril, peut-être même le 15 mars dans le Midi, c’est-à-dire l’époque où les emblavures à reprendre présentent le minimum de valeur, celle aussi où les approvisionnements à échanger ont l’importance la plus faible.

Il semble d’ailleurs que, tout bien considéré, ce soit à la reprise du domaine telle que le conseille la société de Melun qu’il faille donner la préférence. Dans ce système, la cohabitation et ses inconvénients sont très atténués ; en effet : en mars le fermier entrant n’a qu’à venir quelques jours à la ferme qu’il va prendre, pour exécuter dans les céréales de printemps les semailles de petites graines des prairies artificielles qu’il veut s’assurer pour l’année suivante ; un charretier et deux chevaux lui suffisent généralement pour cela et le logement <le cet effectif très réduit ne prend pas grand’place. Souvent même le fermier sortant acceptera de semer lui-même aux endroits à lui désignés les graines qu’on lui apportera ; il fera coïncider ces semailles avec les façons qu’il a besoin de donner aux avoines, et par suite la rétribution qu’il demandera à son successeur sera très faible. Si cette combinaison intervient ce n’est que lorsque commenceront, au 15 août, les labours à blé que le fermier entrant aura à amener une partie de ses attelages, dans la proportion d’un tiers environ, car la rentrée <les récoltes retiendra encore sur l’ancienne ferme le gros des effectifs jusqu’en novembre. À cette époque la proportion changera, il n’y aura plus besoin, dans l’exploitation quittée, que des chevaux nécessaires aux livraisons de denrées, tandis que la plus grande partie des animaux de trait trouvera son emploi sur la ferme reprise pour y exécuter les gros labours et charrois de marnes, fumiers et composts qui prennent place pendant l’hiver ; mais, comme la cavalerie du fermier sortant aura à suivre un mouvement précisément inverse de celle du fermier entrant, il y aura toujours des locaux libres pour que