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des deux Indes.

a fait en tout tems des livres religieux. Ils y trouvent toutes les maximes que l’imagination, l’intérêt, les paſſions & le faux zèle leur ſuggèrent. Ces fonctions excluſives d’interprètes de la religion, leur ont donné ſur les peuples un pouvoir ſans bornes, tel que doivent l’avoir des impoſteurs & des fanatiques, sur des hommes qui n’ont pas la force d’écouter leur raiſon & leur cœur.

Depuis l’Indus juſqu’au Gange, tous les peuples reconnoiſſent le Vedam, pour le livre qui contient les principes de leur religion ; mais la plupart d’entre eux diffèrent ſur pluſieurs points de dogme & de pratique. L’eſprit de diſpute & d’abſtraction, qui gâta pendant tant de ſiècles la philosophie de nos écoles, a bien fait plus de progrès dans celles des bramines, & mis beaucoup plus d’abſurdités dans leurs dogmes, qu’il n’en a introduit dans les nôtres, par le mélange du platoniſme, qui fut peut-être lui-même une branche de la doctrine des brames.

Dans tout l’Indoſtan, les loix politiques, les uſages, les manières ſont une partie de la religion ; parce que tout vient de Brama.

On pourroit croire que ce Brama étoit