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des deux Indes.

reur qu’ils inſpirent eſt telle que ſi, par haſard, ils touchoient quelqu’un qui ne fût pas de leur tribu, on les priveroit impunément d’une vie réputée trop vile pour mériter la protection des loix.

Telle eſt, même dans les contrées où une domination étrangère a un peu changé les idées, le ſort de ces malheureux, connus à la côte de Coromandel ſous le nom de Parias. Leur dégradation eſt bien plus entière encore au Malabar, qui n’a pas été aſſervi par le Mogol, & où on les appelle Pouliats. La plupart ſont occupés à la culture du riz. Près des champs qu’ils exploitent eſt une eſpèce de hutte. Ils s’y réfugient lorſque des cris, toujours pouſſés de loin, leur annoncent un ordre de celui dont ils dépendent ; & ils répondent ſans ſortir de leur aſyle. Ils prennent la même précaution, ſi un bruit confus les avertit de l’approche de quelque homme que ce puiſſe être. Le tems leur manque-t-il pour ſe cacher, ils ſe proſternent la face contre terre, avec toute l’humilité que doit leur donner le ſentiment de leur opprobre. Si les récoltes ne répondent pas à l’avidité d’un maître oppreſſeur, le cruel met