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des deux Indes.
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répandit dans Liſbonne. On s’y voyoit au moment de faire le plus riche commerce du monde. Ce peuple, auſſi dévot qu’avide, ſe flattoit en même tems, d’étendre ſa religion, par la perſuaſion, & même par les armes. Les papes, qui ne laiſſent pas échapper ; une occaſion d’établir qu’ils ſont maîtres de la terre, donnèrent au Portugal toutes les côtes qu’il découvriroit dans l’Orient, & remplirent cette petite nation de la folie des conquêtes.

On ſe préſentoit en foule pour monter ſur les nouvelles flottes deſtinées au voyage des Indes. Treize vaiſſeaux ſortis du Tage arrivèrent devant Calicut, ſous les ordres d’Alvarès Cabral, & ramenèrent au Zamorin quelques-uns de ſes ſujets qu’avoit enlevés Gama.

Ces Indiens ſe louèrent des traitemens qu’ils avoient reçus ; mais ils ne concilièrent pas pour long-tems, aux Portugais, l’eſprit du Zamorin. Les Maures prévalurent. Le peuple de Calicut, séduit par leurs intrigues, maſſacra une cinquantaine de ces navigateurs. Cabral, pour les venger, brûla tous les vaiſſeaux Arabes qui étoient dans le port, foudroya la ville, & de-là ſe rendit à Cochin, & enſuite à Cananor.