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Histoire philosophique
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Les rois de ces deux villes lui donnèrent des épiceries, lui offrirent de l’or & de l’argent, & lui proposèrent de s’allier avec lui contre le Zamorin, dont ils étoient tributaires. Les rois d’Onor, de Culan, quelques autres princes, firent, dans la fuite, les mêmes ouvertures. Tous ſe flattoient d’être déchargés du tribut qu’ils payoient au Zamorin, de reculer les frontières de leurs états, de voir leurs ports enrichis des dépouilles de l’Aſie. Cet aveuglement général procura aux Portugais, dans tout le Malabar, une ſi grande ſupériorité, qu’ils n’avoient qu’à ſe montrer pour donner la loi. Nul ſouverain n’obtenoit leur alliance, qu’en ſe reconnoiſſant vaſſal de la cour de Liſbonne, qu’en ſouffrant qu’on bâtit une citadelle dans ſa capitale, qu’en livrant ſes marchandiſes au prix fixé par l’acquéreur. Le marchand étranger ne pouvoit former ſa cargaiſon qu’après les Portugais ; & perſonne ne naviguoit dans ces mers, qu’avec leurs paſſeports. Les combats, qu’il falloit livrer, n’interrompoient guère leur commerce. Un petit nombre d’entre eux diſſipoit des armées nombreuſes. Leurs ennemis les trouvoient par-tout, & par-tout ils