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des deux Indes.
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de vaſes dorés, ou de porcelaine, qui contenoient des arbuſtes fleuris, ou des plantes aromatiques. On trouvoit dans les places des chameaux chargés d’eau. On prodiguoit les vins de Perſe, ainſi que les parfums & les alimens les plus exquis. On entendoit la meilleure muſique de l’Orient. Ormuz étoit rempli de belles filles des différentes contrées de l’Aſie, inſtruites dès l’enfance dans tous les arts qui varient & augmentent la volupté. On y goûtoit enfin toutes les délices que peuvent attirer & réunir l’abord des richeſſes, un commerce immenſe, un luxe ingénieux, un peuple poli & des femmes galantes.

À ſon arrivée dans les Indes, Albuquerque commença par ravager les côtes, par piller les villes dépendantes d’Ormuz. Ces dévaſtations, qui ſont plus d’un brigand que d’un conquérant, n’entroient pas naturellement dans ſon caractère : mais il ſe les permettoit, dans l’eſpérance d’engager une puiſſance, qu’il n’étoit pas en état de réduire par la force, à ſe préſenter d’elle-même au joug qu’il vouloit lui donner. Lorſqu’il crut avoir inſpiré une terreur néceſſaire à ſes deſſeins,