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des deux Indes.
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& tant que les loix ne ſeront faites que pour les ſujets, ceux-ci s’appelleront comme ils voudront ; ils ne ſeront que des eſclaves. La loi n’eſt rien, ſi ce n’eſt pas un glaive qui ſe promène indiſtinctement ſur toutes les têtes, & qui abat ce qui s’élève au-deſſus du plan horiſontal ſur lequel il ſe meut. La loi ne commande à perſonne ou commande à tous. Devant la loi, ainſi que devant Dieu, tous ſont égaux. Le châtiment particulier ne venge que l’infraction de la loi : mais le châtiment du ſouverain en venge le mépris.

Qui oſera braver la loi, ſi le ſouverain même ne la brave pas impunément ? La mémoire de cette grande leçon dure des ſiècles, & inſpire un effroi plus ſalutaire que la mort de mille autres coupables.

Lorſque les Portugais abordèrent à Ceylan, ils la trouvèrent très-peuplée. Deux nations, différentes par les mœurs, par le gouvernement & par la religion, l’habitoient. Les Bedas, établis à la partie ſeptentrionale de l’iſle, & dans le pays le moins abondant, ſont partagés en tribus, qui ſe regardent comme une ſeule famille, & qui n’obéiffent qu’à un chef, dont l’autorité n’eſt pas abſolue.