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Histoire philosophique
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tinent que par la côte du nord, où il confine à l’état de Siam, ou plutôt au royaume de Johor, qui en a été démembré. Tout le reſte eſt baigné par la mer, qui le sépare de l’iſle de Sumatra, par un canal connu ſous le nom de détroit de Malaca.

La nature avoit pourvu au bonheur des Malais. Un climat doux, ſain & rafraîchi par les vents & les eaux ſous le ciel de la Zone Torride ; une terre prodigue de fruits délicieux, qui pourroient ſuffire à l’homme ſauvage, ouverte à la culture de toutes les productions néceſſaires à la ſociété ; des bois d’une verdure éternelle ; des fleurs qui naiſſent à côté des fleurs mourantes ; un air parfumé des odeurs vives & ſuaves, qui, s’exhalant de tous les végétaux d’une terre aromatique, allument le feu de la volupté dans les êtres qui reſpirent la vie. La nature avoit tout fait pour les Malais ; mais la ſociété avoit tout fait contre eux.

Le gouvernement le plus dur avoit formé le peuple le plus atroce dans le plus heureux pays du monde. Les loix féodales, nées parmi les rochers & les chênes du Nord, avoient pouſſé des racines juſque ſous l’é-