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des deux Indes.
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de tuer, vont avec un bateau de trente hommes, aborder nos vaiſſeaux, & quelquefois ils les enlèvent. Sont-ils repouſſés : ce n’eſt pas, du moins, ſans emporter avec eux la conſolation de s’être abreuvés de ſans.

Un peuple à qui la nature a donné cette inflexibilité de courage, peut bien être exterminé, mais non ſoumis par la force. Il n’y a que l’humanité, l’attrait des richeſſes ou de la liberté, l’exemple des vertus & de la modération, une adminiſtration douce, qui puiſſent le civiliſer. Il faut le rendre ou le laiſſer à lui-même, avant de former avec lui des liaiſons qu’il repouſſe. La voie de la conquête ſeroit, peut-être, la dernière qu’il faudroit tenter : elle ne feroit qu’exalter en lui l’horreur d’une domination étrangère, & qu’effaroucher tous les ſentimens de la ſociabilité. La nature a placé certains peuples au milieu de la mer, comme les lions dans les déſerts, pour être libres. Les tempêtes, les ſables, les forêts, les montagnes & les cavernes, font l’aſyle & les remparts de tous les êtres indépendans. Malheur aux nations policées, qui voudront s’élever contre les forces & les droits des peuples inſulaires &Tome I, M