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Histoire philosophique
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leurs biens, leurs femmes, leurs enfans, & pour leurs rois, chevaliers comme eux. C’étoient encore des croisés qui, défendant le chriſtianiſme, combattaient pour leur patrie. Ajoutez qu’ils étoient une petite nation, une puiſſance très-bornée : or ce n’eſt guère que dans les petits états, ſouvent en danger, qu’on ſent pour la patrie un enthouſiaſme, que n’ont jamais connu les grands peuples qui jouiſſent de plus de sécurité.

Les principes d’activité, de force, d’élévation, de grandeur, qui étoient réunis à la fois dans cette nation, ne ſe perdirent pas après l’expulſion des Maures. On pourſuivit ces ennemis de l’état & de la foi, juſqu’en Afrique. On eut quelques guerres contre les rois de Caſtille & de Léon. Enfin, pendant les tems qui précédèrent les expéditions de l’Inde, la nobleſſe, éloignée des villes & de la cour, conſervoit dans ſes châteaux les portraits & les vertus de ſes pères.

Dès qu’il fut queſtion de tenter des conquêtes en Afrique & en Aſie, une paſſion nouvelle s’unit à tous les reſſorts dont nous venons de parler, pour ajouter encore de la force au génie des Portugais. Cette paſſion,