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des deux Indes.
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qui devoit d’abord exalter toutes les autres, mais anéantir bientôt leur principe généreux, fut la cupidité. Ils partirent en foule pour aller s’enrichir, ſervir l’état & faire des converſions. Ils parurent dans l’Inde plus que des hommes, juſqu’à la mort d’Albuquerque. Alors les richeſſes, qui étoient l’objet & le fruit de leurs conquêtes, corrompirent tout. Les paſſions nobles firent place au luxe & aux jouiſſances, qui ne manquent jamais d’énerver les forces du corps & les vertus de l’âme. La foibleſſe des ſucceſſeurs du grand Emmanuel, les hommes médiocres qu’il choiſit lui-même pour vice-rois des Indes, firent dégénérer peu-à-peu les Portugais.

Cependant Lopès-Soarez, qui prit la place d’Albuquerque, ſuccéda à ſes projets. Il abolit une coutume barbare, établie dans le pays de Travancor, près de Calicut. Ces peuples conſultoient des ſorciers ſur la deſtinée de leurs enfans. Si les devins promettoient à ces enfans une deſtinée heureuſe, on les laiſſoit vivre ; s’ils les menaçoient de quelques grands malheurs, on les égorgeoit. Soarez fit conſerver ces enfans. Il eut à lutter quelque