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des deux Indes.
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eſt infiniment nombreuſe ; s’il y faut une vigilance continuelle des ſavans ſur la population & la ſubſiſtance ; ſi chacun, outre les devoirs publics dont la connoiſſance même eſt une longue ſcience, a des devoirs particuliers, ſoit de famille ou de profeſſion : chez un tel peuple, les ſciences ſpéculatives & de pur ornement, ne doivent pas s’élever à cette hauteur, à cet éclat où nous les voyons en Europe. Mais les Chinois, toujours écoliers dans nos arts de luxe & de vanité, ſont nos maîtres dans la ſcience de bien gouverner. Ils le ſont dans l’art de peupler, non dans celui de détruire.

La guerre n’eſt point à la Chine une ſcience perfectionnée. Une nation, dont toute la vie eſt réglée comme l’enfance, par des rites, des préceptes, des uſages publics & domeſtiques, doit être naturellement ſouple, modérée, paiſible & pacifique. La raiſon & la réflexion, qui préſident à ſes leçons & à ſes pensées, ne ſauroient lui laiſſer cet enthouſiaſme qui fait les guerriers & les héros. L’humanité même, dont on remplit ſon âme tendre & molle, lui fait regarder avec horreur l’effuſion du ſang, le