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des deux Indes.
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de canaux. Ces canaux ſeroient ſuperflus, s’ils n’établiſſoient pas une communication, néceſſaire & fréquente d’un lieu à un autre lieu. Qu’annoncent-ils, ſinon un grand mouvement intérieur, & conséquemment une population très-conſidérable ?

Toute contrée agricole, où les diſettes font fréquentes, où ces diſettes ſoulèvent des milliers d’hommes ; où dans ces ſoulèvemens il ſe commet plus de forfaits, plus de meurtres, plus d’incendies, plus de pillage qu’il ne s’en commettroit dans l’irruption d’une horde de ſauvages, & où, le tems de la diſette & de la révolte paſſé, l’adminiſtration ne recherche pas le coupable, renferme certainement plus d’habitans qu’elle n’en peut nourrir. Ne ſeroit-ce pas le plus abſurde des peuples que le Chinois, ſi le défaut accidentel des ſubſiſtances provenoit de ſa négligence, ſoit à cultiver ſes terres, ſoit à pourvoir à ſes approviſionnemens ? Mais la Chine, pays immenſe, contrée fertile, ſi bien cultivée, ſi merveilleuſement adminiſtrée, n’en eſt pas moins exposée à cette ſorte de calamité. Il faut donc qu’il y ait dix fois, vingt fois plus d’habitans que d’arpens de terres.