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des deux Indes.
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rence ſur ce point ?… L’empereur ſait que s’il ſe livroit à la tyrannie, il s’expoſeroit à tomber du trône… Eſt-ce que les hiſtoires anciennes & modernes n’offrent pas des exemples de ce juſte & terrible châtiment ? Qu’ont-ils produit ? Dira-t-on que le Chinois ſouffre l’oppreſſion plus impatiemment que l’Anglois ou le François, ou que la Chine n’a été, n’eſt, & ne ſera jamais gouvernée que par des monarques accomplis ? Ô révérence des tems paſſés & des contrées éloignées, combien tu nous fais dire de ſottiſes ! La clémence, la fermeté, l’application, les lumières, l’amour des peuples, la juſtice ſont des qualités que la nature n’accorde, même séparées, qu’à des hommes rares ; & il n’en eu preſque aucun en qui elles ne ſoient malheureuſement plus ou moins affaiblies par la dangereuſe jouiſſance du pouvoir ſuprême. La Chine ſeule aura donc échappé à cette malédiction qui a commencé avec toutes les autres ſociétés, & qui durera autant qu’elles.

Aſſurément. Car il y a à côté du trône un tribunal toujours ſubſiſtant, qui tient un compte fidèle & rigoureux des actions de l’empereur