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des deux Indes.
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innocentes par elles-mêmes ; manie ſi dangereuſe pour les mœurs. Loin de répandre ce fanatiſme ſombre, & cette crainte des dieux, qu’on trouve dans preſque toutes les religions ; le Sintos avoit travaillé à prévenir ou à calmer cette maladie de l’imagination, par des fêtes qu’on célébroit trois fois chaque mois. Elles étoient conſacrées à viſiter ſes amis, à paſſer avec eux la journée en feſtins, en réjouiſſances. Les prêtres du Sintos diſoient que les plaiſirs innocens des hommes, étoient agréables à la divinité ; que la meilleure manière d’honorer les camis, c’étoit d’imiter leurs vertus, & de jouir, dès ce monde, du bonheur dont ils jouiſſent dans l’autre. Conformément à cette opinion, les Japonois, après avoir fait la prière dans des temples, toujours ſitués au milieu d’agréables bocages, alloient chez des courtiſanes qui habitoient des maiſons ordinairement bâties dans ces lieux conſacrés à la dévotion & à l’amour. Ces femmes étoient des religieuſes, ſoumiſes à un ordre de moines, qui retiroient une partie de l’argent qu’elles avoient gagné par ce pieux abandon d’elles-mêmes, au vœu le plus ſacré de la nature.