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Histoire philosophique
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niſtres ou généraux : tant leur nation avoit encore d’avantages ſur celles de l’Inde. Chaque Portugais ne travalloit plus qu’à ſa fortune ; ils agiſſoient ſans zèle & ſans concert pour l’intérêt commun. Leurs conquêtes dans l’Inde étoient partagées en trois gouvernemens, qui ne ſe prêtoient aucun ſecours, & dont les projets & les intérêts devinrent différens. Les ſoldats & les officiers étoient ſans diſcipline, ſans ſubordination, ſans amour de la gloire. Les vaiſſeaux de guerre ne ſortoient plus des ports, ou n’en ſortoient que mal armés. Les mœurs ſe dépravèrent plus que jamais. Aucun chef ne pouvoit réprimer les vices, & la plupart de ces chefs étoient des hommes corrompus. Les Portugais perdirent enfin leur grandeur, lorſqu’une nation libre, éclairée & tolérante ſe montra dans l’Inde, & leur en diſputa l’empire.

XXIX. Quelles font les autres cauſes qui amènent la ruine des Portugais dans l’Inde.

On peut dire que dans le tems des découvertes que fit le Portugal, les principes politiques ſur le commerce, ſur la puiſſance réelle des états, ſur les avantages des conquêtes, ſur la manière d’établir & de conſerver des colonies, & ſur l’utilité qu’en peut tirer la métropole, n’étoient point encore connus. Le