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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/311

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des deux Indes.

Le projet de trouver un chemin autour de l’Afrique, pour ſe rendre aux Indes & en rapporter des marchandiſes, étoit ſage. Les bénéfices que faiſoient les Vénitiens par des voies plus détournées, avoient excité une juſte émulation dans les Portugais ; mais une ſi louable ambition devoit avoir des bornes.

Cette petite nation ſe trouvant tout-à-coup maîtreſſe du commerce le plus riche & le plus étendu de la terre, ne fut bientôt composée que de marchands, de facteurs & de matelots, que détruiſoient de longues navigations. Elle perdit auſſi le fondement de toute puiſſance réelle, l’agriculture, l’induſtrie nationale & la population. Il n’y eut pas de proportion entre ſon commerce & les moyens de le continuer.

Elle fit plus mal encore : elle voulut être conquérante, & embraſſa une étendue de terrein, qu’aucune nation de l’Europe ne pourrait conſerver ſans s’affoiblir.

Ce petit pays, médiocrement peuplé, s’épuiſoit ſans ceſſe en ſoldats, en matelots, en colons.

Son intolérance religieuſe ne lui permit pas d’admettre au rang de ſes citoyens, les