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des deux Indes.

de la découverte des Indes, elle s’étoit flattée qu’il n’y auroit qu’à ſe montrer dans ce doux climat, pour y dominer ; que le commerce de ces contrées feroit une ſource inépuiſable de richeſſes pour la nation, comme il l’avoit été pour les peuples qui, juſqu’alors, en avoient été les maîtres ; que les tréſors qu’on y puiſeroit éleveroient l’état, malgré les étroites limites de ſon territoire, à la force, à la ſplendeur des puiſſances les plus redoutables. Ces séduiſantes eſpérances ne ſubjuguèrent pas tous les eſprits. Les plus éclairés, les plus modérés des miniſtres osèrent dire que pour courir après des métaux, après des objets brillans, on négligeroit les biens réels, l’exploitation des terres, des manufactures ; que les guerres, les naufrages, les épidémies, les accidens de tous les genres, énerveroient, pour jamais, le royaume entier ; que le gouvernement, entraîné loin de ſon centre par une ambition démeſurée, attireroit, par violence ou par séduction, les citoyens aux extrémités de l’Aſie ; que le ſuccès même de l’entrepriſe, ſuſciteroit à la couronne des ennemis puiſſans, qu’il lui ſeroit impoſſible de repouſſer, Inutilement on en-